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Vodka, grammaire et faits divers
30 août 2011

La place de l'adjectif en français

Dans les textes que je reçois d'horizons divers, une des corrections fréquentes que je fais, c'est déplacer l'adjectif. Pourquoi écrire "une géante maison" (ouille ! ) ?
Il faut écrire "une maison géante".
Cependant, cherchant des exemples et contre-exemples, au moment d'écrire :

"Une maison géante" MAIS "une grande maison", je me rends compte que même si je suis certaine que ce que j'écris est correct, je n'ai aucune idée du pourquoi.

D'où une question : qu'est-ce qui justifie ces corrections que je fais ? Je n'ai le souvenir d'aucune règle visant la place de l'adjectif dans une phrase (par rapport au mot qu'il qualifie). Désireuse de fonder et de légitimer mon propos, je plonge dans le Grevisse, et renonce bien vite à justifier mes remarques par des fondements grammaticaux. 

smilbook

En effet, la place de l'adjectif épithète en français dépend :
- de son nombre de syllabes 
- du nombre de syllabes du nom auquel il se rapporte
- de son emploi (littérale ou figuré)
- des traits qu'il désigne (adjectifs exprimant des qualités physiques occasionnelles, indiquant la forme ou la couleur  de quelque chose)
- de leur origine (adjectifs verbaux et dérivés de noms propres) 


Autant vous dire qu'on n'est pas sortis des marécages pour expliquer ça de façon concise (courte, claire, précise). Autant vous dire également et en toute modestie que, si une romaniste vivement intéressée par les questions de langue n'est pas capable de l'epxliquer spontanément, assez peu de personnes me semblent susceptibles de pouvoir le faire (mais si quelqu'un veut relever le défi, allez-y, et pas de triche : prépa interdite ! ).


Je constate donc une fois de plus qu'on est pas tous égaux face à la langue. Pour placer correctement l'adjectif en français, il me semble qu'il faut non seulement être francophone, mais aussi avoir développé une sorte d'instinct de la langue qui me semble ne pouvoir venir que de nombreuses années de lecture intensive. Et ça, ça montre à quel point le français est peu "démocratique" en ce sens qu'il est extrêmement difficile (et passionnant, mais ce n'est que mon humble ressenti) et pose des problèmes même à ses locuteurs. 

Cette difficulté particulière du français a souvent été mise en avant (surtout dans les siècles passés me semble-t-il, mais je me trompe peut-être) comme un gage de qualité par ses partisans qui entendaient prouver sa supériorité sur d'autres langues. D'où une autre question : peut-on attribuer des degrés de difficulté aux langues et en qualifier certaines de plus difficiles que d'autres ? J'aurais tendance à dire que oui dans un premier temps, et non dans un second. Et, dans un troisième temps, à dire qu'on ne peut répondre à cette question telle quelle, car elle demande de nombreuses nuances. Dans le sens où je l'entends, je parle de raisons intrinsèques, liées à la langue en elle-même (et pas de raisons externes, qui, assurément, permettent d'affirmer que certaines langues sont plus faciles/difficiles que d'autres : cf. tout le domaine sociolinguistique qui fera sûrement l'objet d'un post prochainement car c'est aussi un de mes grands dadas). 

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Quelques remarques en conclusion de ce post : 

- voyez comme une simple question de grammaire, dès lors qu'on cherche à y répondre vraiment, soulève des tas d'autres questions plus générales sur l'usage et le statut des langues

- soyez indulgents avec ma prose que je poste sans relecture.
Cette remarque en amène une dernière (promis) : stop aux complexes d'écriture. Personne n'écrit bien spontanément et, même moi qui estime avoir une bonne expression écrite, je modifie chaque phrase après l'avoir relue.
Et ça, c'est prouvé scientifiquement, et c'est une des choses apprises pendant mes études que je retiendrai longtemps : le processus d'écriture, dans sa genèse au sein du cerveau, consiste à faire des fautes et à les corriger ensuite. Un texte écrit, même banal ou quotidien, ne doit pas vraiment être vu comme un geste définitif et arrêté mais plutôt comme quelque chose toujours susceptible d'être amélioré, corrigé, ou simplement modifié. Faire des fautes, c'est intimement lié au fait d'écrire. D'où ma préférence pour le traitement de texte par ordinateur et pas sur papier : on écrit, on corrige et on adapte sans garder trace de ses fautes, on imprime le texte seulement lorsqu'on en est satisfait : je trouve ce processus moins pénalisant et moins culpabilisant que le papier qui garde trace de toutes nos hésitations.

J'arrête là mes délires linguistiques (pour le moment) et vous souhaite une bonne journée.

 

 

PS : Pour appuyer la théorie de la faute comme inhérente à l'écriture et pour défendre notre droit à faire des fautes, je vais me retenir de corriger les nombreuses erreurs de ce texte (rapidement tapé)qui me font pourtant un peu mal aux yeux à la relecture. Qu'à cela ne tienne, assumons nos propos.

 


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Commentaires
C
J'ai bien aimé ta partie sur les fautes. C'est encourageant pour les personnes considérant qu'elles n'écrivent pas bien... <br /> <br /> Concernant le débat sur la langue français comme étant la langue la plus difficile : ce n'est pas la première fois que j'en entends parler... On dit que le français a beaucoup plus de subtilités que l'anglais, par exemple. Mais je ne sais pas si on peut vraiment comparer car en soi, chaque langue est différente, non ?
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