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Vodka, grammaire et faits divers
11 mai 2011

Neurologie + sexisme = ?

 

Une fois n’est pas coutume, j’ai trouvé un des articles du « Victoire » (supplément à « Le Soir », n°204)  intéressant car il démolit des croyances – tenaces car prétendues scientifiques.

Le mot "scientifique" a ceci de magique que dès qu’il est employé, il donne à tout ce qu’il affirme un air sérieux, véridique, testé, approuvé et prouvé. Pourtant, le propre de  la « bonne » science n’est-il pas de toujours se remettre en question ?

Point de départ de l’article : certains clichés « scientifiquement fondés » sur les différences fondamentales entre hommes et femmes. Il serait naturel et inné que les femmes ont un cerveau configuré de telle sorte qu’elles sont naturellement plus douées pour la communication et la gestion de multi-tâches, là où les hommes l’emportent en math et en sens de l’orientation.

 

cerveaux

 

Ce genre de théories est la pierre fondatrice de toutes les théories visant l’harmonie du couple basée sur la connaissance et la prise en compte des différences fondamentales entre hommes et femmes du style « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus » et autres dérivés.

Pourtant, des études- sci-en-ti-fi-ques elles aussi prouvent que ces affirmations neurosexistes posent ces différences en causes alors qu’elles sont en fait des conséquences. La grande plasticité du cerveau fait qu’il va développer les zones sollicitées par l’activité humaine. Ainsi, pour reprendre l’exemple ci-dessus, si les femmes ont effectivement en général la partie du cerveau correspondant au langage, à l’empathie, aux contacts plus développée que leurs homologues masculins, ce n’est pas car leur cerveau les y prédispose, mais parce que dans la pratique elles sont amenées à développer ces compétences plus que les hommes - justement à cause de ces fameux clichés ! L’inverse étant valable aussi pour les prédispositions masculines. C'est le serpent qui se mord la queue.

Conséquence de ces croyances : une sorte de fatalisme qui justifie les inégalités sociales. C’est une façon de dire que ça ne sert à rien d’intervenir pour l’égalité des chances à l’école et dans la vie professionnelle. Les conséquences des discours « naturalistes » dans la vie sociale et professionnelle sont très graves, explique C. Vidal, qui fait partie des opposants au neurodéterminisme.

A ce stade-ci, les petits malins que vous êtes vont m’arrêter : je remets en cause la science quand elle valide des discours sexistes, pour y opposer des théories opposées fondées toujours sur le « c’est scientifique, donc c’est vrai ». Si la bonne science est celle qui se remet en question, pas question de valider une théorie qui m’arrange mieux sans avoir de preuves qu’elle est plus valable que la précédente. Seulement, les clichés sur les différences fondamentales, naturelles et innées entre sexes sont si répandus qu’il me paraît important de faire connaître aussi la théorie inverse.

L’article se termine par une remarque du plus grand intérêt : soutenir que pour faire marcher son couple il faut « apprendre le langage femme » et « apprendre le langage homme », c’est négliger que deux personnes du même sexe vivant en couple sont confrontées à des problèmes similaires à ceux des couples hétérosexuels. Justifier l’amour et ses désaccords par la différence cérébrale des sexes vient en fait renforcer une vision hétéronormée – et tout simplement normative – où chacun est prié de jouer son rôle. Sous couvert d’un vernis scientifique pas toujours reluisant, conclut J. Luong, qui a écrit l’article.

Je conclurai ce post avec une question à mille points : de quel sexe sont C. Vidal et J. Luong ? Devinez…

Sur ce, je vous laisse, j'ai une carte routière à bloquer, moi...

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